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DOUCES AMIES

adorée, j’avais lu l’ineffable don que vous consentiez… En les miens, aussi, vous aviez aperçu l’épanouissement du bonheur et de l’allégresse. Et nous restions, immobiles, la main dans la main…

Puis, nous avons babillé… Que disions-nous, ma Bien-Aimée ? Des phrases incohérentes, sans doute… après nos yeux, nos bouches se mariaient… Mais le langage de vos grands yeux bleus, très doux et très tristes, — oh ! les chers yeux tristes dont la mélancolie m’enchantait — seul alors m’occupait… Et mes yeux en les vôtres se plongeaient, s’attardaient, très voluptueusement… Et cette volupté m’imprégnait tout entier, se glissait jusqu’aux moelles, frémissait impérieusement. Vos yeux, ma chérie, vos yeux !… je les prenais, je les caressais, je les étreignais, je les enveloppais, je les pénétrais, malgré vos résistances et vos soudains effrois de ce viol rapide… Vos yeux, vos yeux !… Ils étaient à moi !

Je ne songeais pas à vous dire combien vous êtes belle. Mais le cantique de mon âme s’envolait vers la vôtre… Et vous ne vous étonniez pas, j’en suis convaincu, si je n’accomplissais en ce moment aucun des légers devoirs de la galanterie. Celui qui aime n’est pas galant. Il est sincère : et son adoration se révèle en