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DOUCES AMIES

soudain surgit — adorablement belle, éblouissante d’enchantement — Suze, ma petite Suze, ma reine, mon amour !

IV

La minute la plus exquise d’un amour, celle qui se grave en ma mémoire mieux que les heures de l’étreinte et du baiser, c’est l’instant rapide ou les yeux de la Désirée s’illuminent et rayonnent de la première flambe, proclamant ainsi dans l’éclair radieux qui les éblouit l’aube des tendresses levée sur deux cœurs, voués désormais à l’idylle, emportés vers le ciel.

Oh ! cette minute, brève et farouche, durant laquelle on vit magnifiquement les plus glorieux romans de la passion humaine ; où le cœur s’exalte en d’infinies ivresses ; où l’on résume en soi les frissons de Roméo, les émois de Daphnis, les tendres angoisses de Paul ; où l’on s’affranchit féériquement de l’existence coutumière, de la Vie morne et lourde, pour devenir ce héros que sera toujours l’amant, à l’éclosion mystérieuse de deux âmes qui s’ouvrent pour mêler leurs parfums !