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DOUCES AMIES

croyais connaître, dont j’ai senti le cœur frissonner et battre en ses gentilles lettres, je ne sais rien d’elle, rien, rien… Indépendante ? Mariée ? Esclave de quelque liaison ?… Et que m’importe après tout. Elle est celle que j’aime et cela me suffit…

Mais elle, va-t-elle m’aimer ; et son caprice qui dura tant qu’il fut animé par le mystère, subsistera-t-il encore après l’entrevue ?…

Comme les minutes coulent lentement !… Il n’y a pas un quart d’heure que je suis là, rôdant devant les Pharaons de granit, les pierres monumentales, les sépulcres vides, les monolithes brisés.

Voici tout à coup que je découvre une sorte de nid dans cette salle déserte où les gardiens même ne viennent pas. Derrière un piédestal géant qui supporte une statue d’Osiris, un espace libre, masqué par d’autres pierres, où nous serons seuls, où nous nous cacherons, où je pourrai la prendre très doucement dans mes bras, noyer mes regards dans ses yeux, essaimer mes baisers dans sa chère bouche !…

Deux heures !… Une porte s’entr’ouvre… Mon cœur défaille et se glace tout à coup ; il me semble que des fibres se rompent, en un émoi douloureux ; et mes yeux ne voient plus qu’une brume grise de crépuscules, et dans cette brume