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BIBLIOTHÈQUE ALBERT MERICANT

adoration. Elle raille l’amour. Pourtant à son tour, elle est atteinte… À côté de cette mondaine raffinée, si troublante, voici une douce et foisonnante jeune fille, Hélène de Saint-Germain, dont les yeux éveillent des rêves de paradis terrestre et des adorations pieuses. Elle a voulu clore son cœur à tout sentiment d’amour. Mais elle subit l’influence magique et l’homme qui apparaît, à l’heure du berger, est un médecin étrange, magnétiseur bienfaisant.

Toutes ces aventures s’amalgament, sans aucune confusion, pour former un roman pittoresque, amusant, où les pages de tendresse et de ferveur amoureuse éclatent, avec une intense et frissonnante poésie, parmi des scènes curieuses de la vie, compliquée et papillotante que nous aimons. Les femmes y sont jolies, inquiétantes, attirantes : elles nous apparaissent en des décors luxueux, tellement qu’ils nous semblent irréels, bien que ce soient des paysages de la banlieue parisienne, des intérieurs exacts de femmes à la mode…

Avec un style caressant, coloré, des mots lumineux, comme la fine poussière des pastels, l’auteur de l’Heure du berger, a fixé dans son livre des portraits de femmes d’un charme troublant. (Ernest Lajeunesse, Le Journal).

Certes, les livres de M. René Emery, docteur ès sciences amoureuses, ne sont pas destinés aux pensionnats de demoiselles, mais quel fin régal pour les délicats en âge de choisir leur lectures — et pour les amants ! Tous ceux qui ont aimé percevront dans ces pages brûlantes un écho de leurs joies, de leurs jalousies…

Mais les livres de René Emery ne sont pas seulement des miroirs fidèles où se reflètent toutes les extases et toutes les géhennes de la passion ; ils montrent également, avec une acuité et une hardiesse de vision merveilleuses, le rôle de l’amour dans les destinées sociales et comment la femme agite les ficelles de toutes les individualités qui se pavanent au pinacle.

René Emery sait mêler aux baisers une ironie relevée d’une pointes de philosophie éloquente et avertie.

Dans l’Heure du berger, il signale la puissance de la femme au milieu des intrigues que suscite l’ambition. Et c’est une peinture éclatante, à larges touches, d’un coloris puissant et net, de toute la haute société contemporaine.

L’habileté de la forme fait passer les situations les plus audacieuses ; les paradoxes délurés, les aperçus originaux et novateurs sont semés sans compter ; c’est enfin, avec la verve la plus acide, la documentation la plus indiscrète, le plus parisien et le plus entraînant des romans, en même temps que