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DOUCES AMIES

Et, dans notre cœur vierge, l’amour présent s’épanouit, plus merveilleux que les amours passées — et plus vivace peut-être, puisqu’il se nourrit de leurs cendres, s’abreuve de leur sang !

III

… « Aujourd’hui même, à deux heures, au musée du Louvre, dans la salle des antiquités égyptiennes, dont la porte s’ouvre, je crois, presque en face de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Je porterai, à mon corsage, un bouquet d’œillets blancs. Ayez vous-même une de ces fleurs à la boutonnière. Elles seront notre signe de ralliement, mon cher Jean, s’il est besoin d’un signe pour nous reconnaître… »

Il était huit heures, chère Suze, quand je reçus cette petite lettre. Depuis un long mois déjà, nous nous écrivions, très régulièrement ; et si nous ignorions encore nos visages, du moins nos cœurs s’étaient-ils reconnus, attirés l’un à l’autre, par une douce communion de tendresse et de sentiments.

Enfin, j’allais la voir, la chère aimée, presser