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DOUCES AMIES

Elle m’enlaça dans les replis de son corps, avec des enroulements et des enveloppements de couleuvre.

Ses lèvres gourmandes ne quittaient plus ma bouche. Elle avait des emportements tumultueux et fous.

Avec cette sensuelle, on n’avait pas à craindre la satiété qui étrangle et étouffe la plupart des amours.

Sa caresse semblait toujours nouvelle. Chacun de ses baisers avait, semblait-il, une saveur neuve, un goût plus délicieux.

Les ivresses succédaient aux ivresses.

Jamais encore, non, jamais ma Riquette ne m’avait témoigné sa tendresse passionnée avec une pareille frénésie.

Par instants, elle me criait :

— Tu me rends folle !… Moi qui ne voulais pas t’aimer, je suis maintenant pincée, bien à toi, jusqu’aux moelles, jusqu’au cœur ! Que m’as-tu fait prendre, dis… pour que je sois devenue ainsi, moi qui n’avais pas autrefois de plaisir à l’amour… Je suis enragée, maintenant… je voudrais ne jamais sortir de tes bras, vivre toute ma vie, là, contre toi, dans notre lit. Cela seul est bon ; cela seul vaut la peine de subir l’existence. Je t’aime, je t’aime, à en mourir…