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DOUCES AMIES

de notre prochaine retraite : nous avions décidé que nous irions au pays du ciel toujours bleu et de la mer d’azur. Nous habiterions, là-bas, une petite villa fleurie comme un nid, et cachée dans les mimosas, les orangers, les roses.

— Nous dormirons sur des lits de fleurs, me disait Riquette. Nous effeuillerons des œillets, des tubéreuses, et nous nous aimerons au milieu des parfums. Nous vivrons des rêves, nous nous croirons au paradis des fées.

Et, tout en marchant, elle se pressait, câline et caressante, contre moi, me frôlant de son corps, dont je sentais la tiédeur et la souplesse voluptueuse à travers les étoffes ; ses petits doigts se crispaient sur mon bras. Et, toute frissonnante, elle murmurait :

— Je t’aime ! Je t’aime…

Toutes nos dispositions étaient prises pour le prochain départ. Nous avions choisi le train qui nous emporterait, le lendemain, au pays du soleil ; il partait le matin, vers huit heures.

Sitôt la nuit venue, nous étions de retour dans le petit appartement de Riquette. Nos malles furent bouclées : nous avions terminé nos derniers préparatifs.

— À dodo ! fit Riquette. Je veux faire de beaux adieux à cette petite chambre où tu m’as ramené le bonheur.