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DOUCES AMIES

lantes et gracieuses de son corps, coiffée d’un chapeau de feutre qu’ornait un panache de plumes, elle avait une allure de reine, de conquérante.

Les regards des passants lui rendaient hommage. Ma vanité de vieil amoureux se gonflait de ces admirations.

Riquette semblait inquiète, préoccupée. Quand nous traversions les foules qui, chaque jour, se coagulent à certains points des boulevards, elle me disait :

— Ami, fais bien attention : veille sur notre fortune. Les rues sont pleines de voleurs, ne laisse pas enlever ton portefeuille. Que deviendrions-nous ?

Je voulus lui acheter des robes, des lingeries coquettes. Elle refusa :

— Non, non, mon chéri. Il ne faut pas faire de folles dépenses, je ne veux pas. Je suis devenue raisonnable et économe comme une petite bourgeoise, comme une paysanne même ; puisque nous allons vivre désormais en gens sérieux, à quoi bon ces luxes inutiles ?

— Mais, lui répondais-je, je veux que tu sois toujours belle, et que ta beauté se pare de toutes les fanfreluches qui la rendent plus superbe…

— Oh ! le vilain. Ne suis-je donc pas assez désirable, assez jolie, quand je suis toute nue ?