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DOUCES AMIES

jamais ce que je vais faire… tu pourras être tranquille, mon loup, je ne te tromperai pas, car on ne trompe son homme, avec ceux qui paient, que lorsqu’on prend du plaisir…

L’infâme marché qu’elle me proposait m’était une preuve, la plus forte de toutes, de sa sincérité, de son amour, de son désintéressement. Je me sentis le cœur envahi d’une gratitude et d’une affection infinies.

Sans répondre, je voulus attirer Riquette, m’anéantir dans l’incomparable douceur d’être si merveilleusement aimé…

Sa voix, de plus en plus dure, balbutia :

— Tu acceptes ?… Hein ?… Tu veux ?… C’est entendu ?…

Je répondis :

— Ah ! Riquette, divine et délicieuse Riri, je te veux à moi seul, toute à moi. Le sacrifice que tu me proposais est inutile… J’ai quelque argent encore, Riquette, assez pour être heureux encore longtemps, longtemps, en étant raisonnables, puisque tu m’aimes et que je t’adore.

— C’est vrai ? cria-t-elle, c’est bien vrai ?…

Sa voix s’était radoucie, ses bras me reprenaient…

— Oh ! mon coco, on s’en ira bien loin, dans une petite maison, à la campagne, on vivra pour