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XVI

Après minuit, terrassé, épuisé, le cerveau et les moelles vides, j’allais m’endormir dans les bras de Riquette. Mais, soudain, sa voix secoua mon anéantissement :

— Coco, parlons sérieusement cette fois. Il faut être raisonnable. Tu partiras demain.

— Partir ! pourquoi partir ?…

Je pleurnichais, attristé, brutalement épouvanté au milieu de ma douce et pesante sécurité. Quel nouveau caprice allait la séparer de moi, me ravir le régal nécessaire de ses baisers et de sa chair ? Tout mon être se révolta, et je criai, furieux :

— Non, non, non, je ne partirai pas !

Elle riposta :

— Comme tu voudras. Alors, c’est moi qui décamperai.

— Non, non, non, tu ne me quitteras plus.

Elle s’écarta de moi, délia la douce chaîne que me faisaient ses bras.

— Comme tu voudras. Mais nous ne pouvons