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DOUCES AMIES

pas… je ne te demande que ce sacrifice, en souvenir du temps où nous nous chérissions. Une pauvre petite fois… Ça ne te coûtera rien, rassure-toi… À l’œil !…

Elle était devenue câline et gamine… Sa bouche s’écrasait sur mes lèvres ; je sentais ses seins palpiter contre moi…

Son baiser me grisait. L’odeur de ses cheveux, de sa chair s’évaporait et m’enchantait, comme un encens troublant.

La voiture s’arrêta à la porte d’un de ces hôtels meublés de Montmartre qui abritent le monde si curieux des artistes, des rapins, des petites femmes de la Butte.

— C’était là que logeait Riquette. Son pauvre nid se composait d’un modeste salon et d’une chambre à coucher.

— Tu vois, fit-elle en entrant, ce n’est pas luxueux, ici. Je paie cinquante francs de loyer par mois… le temps des splendeurs est passé !

Puis, s’asseyant sur mes genoux :

— Je t’invite à dîner. Nous mangerons au lit, comme des amoureux… des œufs, une côtelette. Si le repas est maigre, nous aurons du moins du dessert à discrétion.

Et, dégrafant son corsage, elle en fit jaillir ses seins, ses seins gras et fermes, avec leur menue pointe rosée offerte à mon baiser :