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DOUCES AMIES

Je tendis la main… la sienne se déroba. Alors, je tournai le dos…

Mais, aussitôt, les doigts de Riquette s’abattaient sur mon visage, violemment. Et malgré la douleur, assez vive, que je ressentis, malgré les quolibets de quelques gamins qui avaient été témoins de cette scène, je me sentis, au fond du cœur, ravi. Entre amants, une gifle, c’est la fin de l’orage ; l’instant de la réconciliation est proche.

Une voiture passait. J’appelai le cocher : il s’arrêta. Je montai dans la voiture, assez lentement pour permettre à Riquette de m’y rejoindre. Elle se jeta dans le fiacre, en effet, ferma la portière, indiqua son adresse… Alors, elle pleura, et me faisant un collier de ses bras.

— Oh ! fit-elle, ne te fâche pas… Si tu savais comme je suis malheureuse… Je n’ai pas toujours été gentille avec toi… j’ai eu des torts, de graves torts… mais ce fut par ta faute, par ta très grande faute. Tu n’as pas su me comprendre. Je t’aimais bien, mais je t’aimais comme un enfant que je suis… N’en parlons plus, puisque c’est fini… Je croyais avoir jusqu’au bout assez de courage pour ne plus t’aimer… et je redeviens idiote… je veux t’aimer encore, oh ! tu sais, très peu, encore une petite fois… et nous nous séparerons, pour toujours, toujours… Ne me refuse