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DOUCES AMIES

nous avons l’intense sensation de vivre. Un amour qui ne serait fait que de baisers, de caresses, d’enlacements et de joies partagées ne durerait pas un jour…

Peut-être en avons-nous tous, dédaignées et flétries dans notre souvenir, de ces tendresses heureuses, sans une larme, et brisées rapidement, parce qu’elles ne nous offraient pas l’âpre et voluptueux sentiment de la torture. Elles n’ont laissé aucune trace en nous ; elles nous ont donné leur gracieux parfum, leur charmante douceur, et nous les avons cependant oubliées. Tandis que persiste éternellement la mémoire douloureuse et chère de nos crucifixions.

Riquette, petite amie mauvaise et malgré tout idolâtrée, je t’aime toujours de toutes mes forces. Et je n’ai plus qu’une seule pensée, qu’un unique but : te revoir, te retrouver dans cette grande ville, où tu es effroyablement perdue…

Je t’ai demandée partout où j’espérais rencontrer les traces. Jours et nuits, au hasard, je te poursuis. J’ai fait de pieux pèlerinages aux lieux où nous avons vécu. Chaque soir, au crépuscule, je me rends à ce cabaret de Montmartre où je t’ai vue pour la première fois ; mais tu n’y es pas revenue…

Ce coquet et joli petit nid qui abritait ta beauté a été saccagé par les huissiers : tes reliques ont