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DOUCES AMIES

porter quarante-cinq mille francs, trébuchant et sonnant, selon son expression : et j’ai signé immédiatement l’acte de vente. J’ai huit jours pour quitter les Fresneaux… Mais, dès ce soir, je serai parti…

Hier, Valleroy m’a écrit que Riquette, tout à fait misérable depuis mon départ, après avoir eu ses meubles et ses costumes vendus à l’Hôtel Drouot, est devenue la proie de quelques affreuses proxénètes, et qu’on peut l’avoir pour deux louis, dans les maisons de passe du quartier de l’Europe.

« Tu es bien vengé ! » me dit Valleroy…

Hélas !… Vengé !… Je pleure, je pleure lamentablement, en pensant que ma petite amie est si malheureuse, si déchue…

XIV

Oui, je suis revenu à Paris. J’avais la nostalgie du calvaire et de ses supplices…

L’homme a besoin de souffrir. Le bonheur lui paraît fade et méprisable. C’est seulement quand notre cœur saigne et que tout notre être agonise, oui, c’est à ces moments-là surtout que