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DOUCES AMIES

vieillard, j’ai eu la gloire de sa jeunesse ! Et j’oserais me plaindre que j’ai payé trop cher, d’un peu d’argent, de beaucoup de souffrances, ces heures de paradis !…

Une des pauvres distractions de ma solitude, c’est d’apprendre, par de rares lettres que m’adressent ici de fidèles amis du Cercle, les menus potins de la vie parisienne, les aventures de mes camarades.

Ce pauvre Delabray vient de se brûler la cervelle, à la veille d’être arrêté pour escroqueries. Lui a été plus vite que moi. En trois mois il a croqué cinq cent mille francs, pour l’amour de Liane Vincy, une grue de dernier ordre ; — et n’ayant plus le sou, il a volé. Le pauvre !… Il est maintenant au pays des oublis…

C’est peut-être lui qui a eu raison…

Mourir ! Pourquoi nous élève-t-on dans la crainte de la mort ?

N’est-elle pas préférable à la décrépitude — à la mort de notre dernier amour…

Oui, oui, la fin eût été préférable à cette vie que je mène désormais, sans espoir, sans nulle clarté…

 

Ce matin, le notaire Godaud est venu m’ap-