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DOUCES AMIES

Il m’en jeta quelques-unes, dix, vingt peut-être. Et sitôt, je m’enfuis avide de connaître leur secret, mon cœur défaillant et battant, comme si l’angoisse de toutes celles qui m’avaient écrit me gagnait, me terrassait…

Pauvres petites lettres…

Toutes me confiaient la tristesse de vivre seule et de n’avoir aucun cœur où réfugier sa tendresse.

Est-il possible, me disais-je, que tant de jeunes femmes soient isolées ainsi dans la cité d’amour et de luxure, et qu’elles n’aient pas encore rencontré l’ami désiré, pour solliciter ainsi l’offrande d’un inconnu ?

Ces lettres, je les lus.

Presque toutes, elles s’imprégnaient d’une naïve et douce sincérité.

Ce n’était pas un amant riche qu’elles imploraient, ah ! certes, mais l’amour.

À cette heure, j’aurais voulu les chérir toutes, ces pauvres chères amies, et l’idée me vint d’abord de répondre à chacune, d’être le Don Juan de ces quinze ou vingt maîtresses…

Folie !

Lentement je déchirai les suppliantes missives, pour n’en conserver qu’une, une seule… la sienne !

Au premier examen de ces enveloppes, j’avais