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DOUCES AMIES

lettre… Mais je la déchire aussitôt, pour rédiger ce laconique billet :

« Petite amie,

« Je comprends enfin que je suis, comme tu me l’as répété si souvent, un obstacle dans ta vie d’artiste et de femme galante.

« Pardonne-moi d’avoir, si longtemps, retardé ta marche vers la gloire et la fortune.

« Adieu ! »

Oui, c’est bien, c’est très bien… Il n’y a, dans ces phrases, ni violence ni colère ; un peu d’ironie seulement. Cette petite vengeance m’est bien permise : une moquerie pour tant de dédain, tant de malice subis !

Pourtant, est-ce bien correct de rompre ainsi ?…

Il me semble que je devrais, en galant homme, ajouter à ma lettre quelques billets de mille…

Vraiment ?…

C’est ma lâcheté qui remonte et me conseille encore cette faiblesse.

Je suis à peu près ruiné… et qu’ai-je eu pour tout cet argent, cette fortune gaspillée ?… Ah ! Riquette m’a coûté cher… J’ai été volé…

 

Ma décision est irrévocable…