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DOUCES AMIES

plus un jeune homme, on n’est pas encore un vieillard… Il y a quelques jours, je servais de témoin à mon ami de cercle, Henri Pontgermain, qui se mariait et épousait une adorable jeune fille de vingt-huit ans, d’excellente famille bourgeoise, ayant une dot suffisante pour prouver qu’en acceptant son mari, ce n’était pas une opération financière qu’elle concluait.

Sans fatuité, je suis aussi bien que Pontgermain ; il est chauve, il a de fausses dents : je n’en suis pas encore là !

Or, j’ai toléré que Riquette me trompât, sans aucune retenue, sans aucune mesure. Au gré de ses caprices, elle ouvre son lit aux uns et aux autres. Elle s’affiche partout en compagnie de cet acrobate qui est son amant de cœur.

Que suis-je, moi ?… l’homme qui paie.

Riquette me repousse, quand par hasard je m’abandonne à mon rêve, quand je prends un instant ses mains dans mes mains ; si je veux l’embrasser, elle me ravit les lèvres que je cherche, les dérobe à ma caresse, et ma bouche se perd dans le vide ou dans les ondes fuyantes de ses cheveux.

Il y a trente-six jours que je n’ai pas couché avec ma maîtresse. Et notre dernière étreinte fut une saleté. Comme j’insistais pour presser, dans le baiser suprême, ma petite amie sur mon cœur,