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DOUCES AMIES

la fin, son goût et son parfum, même s’il est tombé en pourriture !

Ah ! vraiment, ils sont aimés des dieux, ceux qui s’en vont avant toutes ces misères !…

XII

Je vis, depuis plusieurs mois, dans une longue crise de folie et d’absurdité.

Aujourd’hui, par hasard, j’ai eu quelques heures de lucidité. J’ai pu faire un examen de conscience, étudier mon triste état d’esprit et d’âme. Et je m’aperçois, lamentablement, que je traîne, comme un boulet pesant, ma passion lâche et avilissante. Je pourrais facilement me libérer ; mais non, je suis un misérable, j’aime mon ignoble servage.

Voici très exactement la situation ; j’ai osé l’envisager pour la première fois :

Je suis l’amant de Riquette, l’amant qui paie, qui entretient très convenablement sa maîtresse et a le droit d’exiger des égards, de la fidélité.

Je ne suis pas assez décrépit encore pour accepter les hideuses compromissions, les combinaisons dégradantes. À cinquante ans, si on n’est