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DOUCES AMIES

qu’il y a de mauvais au fond de mon cœur. Je ripostai brusquement…

— Mademoiselle Riquette vous a dit, sans doute, la vérité… Elle aime les jeunes, beaux et robustes, comme vous, monsieur ; loin de se vendre à eux, elle les achète même à l’occasion… Avant vous, elle avait Apollon, un hercule de cirques et de music-halls…

Le jeune homme s’était levé, l’œil flambant, les poings crispés. Je crus qu’il allait se jeter sur moi. Mais aussitôt il s’effondra sur un siège, accablé, les yeux mouillés, et jetant des sanglots qu’il s’efforçait inutilement d’étouffer…

— Ah ! Riquette, Riquette, tu m’as trompé, tu m’as menti… Vos paroles irritées, monsieur, me disent mieux qu’un aveu brutal, la vérité… Vous êtes l’amant de Riquette, c’est vous qui l’entretenez. Et moi, comme l’hercule, comme les autres, je suis l’amant de cœur, presque le maquereau. Merci, merci… je sais maintenant… Ah ! c’est fini, bien fini…

— Vous ne l’aimez déjà plus !…

— Je ne l’aime plus !… Ah ! monsieur, si je ne l’aimais plus, vous ne me verriez pas ainsi, désemparé, pleurant et lâche… Je l’aime de toutes mes forces… Elle est entrée dans mon sang, dans mon cœur. Mais je saurai me délivrer de ce poison détestable, de cet amour mau-