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DOUCES AMIES

mon adoration. Généreusement, elle a réalisé mon espoir. Pendant une semaine, nous nous sommes aimés follement, passionnément. Mais tout à coup, en plein bonheur, je reçois ce papier. J’aurais dû le brûler. Les lettres anonymes sont des infamies. Mais l’accusation immonde m’a bouleversé. Je souffre atrocement… je ne puis plus supporter le doute qui me déchire. Oh ! dites-moi, je vous en prie, toute la vérité. Si vous êtes l’amant de Riquette, je vous donne ma parole d’honneur que, jamais plus, je ne la reverrai… Vous voyez, si vous l’aimez, vous devez maintenant parler…

— Mais, jeune homme, je vous le répéterai encore, demandez à votre amie si je suis son amant ! Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?

— Ah ! monsieur, après avoir reçu cette ignominie, je lui ai aussitôt montré le papier…

— Et que vous a-t-elle dit ?

— Voici textuellement ses paroles : Tu es fou, mon chéri, une jolie fille comme moi ne se donne ni ne se vend à un vieux gâteux… Des hommes jeunes et riches m’ont offert des sommes considérables : je n’ai pas besoin de cet argent. Je vis largement et luxueusement avec ce que je gagne au concert…

… Un vieux gâteux. L’injure remua tout ce