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DOUCES AMIES

je suis certain que vous ne vous offenserez pas de ma démarche… Tenez, lisez ceci.

Il sortit de son portefeuille un papier sale où s’étalait une grosse écriture. Et je lus :

« Monsieur, cel que vous émé et une saltée. El et la metrese dun vieu gateu, qui sapel Defrenant et qui abite rue miromenile 30. Rancegné vou si vous nete pa une trufe.

Un Amit. »

— Eh bien ! demandai-je, que signifie cette ordure et pourquoi venez-vous me la mettre sous les yeux ?…

— Est-il vrai que vous êtes l’amant de Riquette ?…

— Pourquoi ne vous êtes-vous pas adressé à cette demoiselle pour apprendre le nom de ses amants ?… Puis, si j’étais en effet son ami, voulez-vous me dire en quoi cela pourrait vous intéresser ?

J’y consens volontiers, monsieur ? Je serai franc. J’adore Riquette : elle m’a ensorcelé. C’est la première fois que j’aime, et je suis bien pris. Je suis très jeune, monsieur, je n’ai pas vingt-deux ans… J’ai vu Riquette, sur la scène, un soir, et j’ai été aussi frappé par la foudre terrible de la passion… J’ai osé lui adresser une lettre dans laquelle je lui disais ma ferveur et