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II

L’appel à l’inconnue, clamé par les voix nombreuses du journal, atteint à la même heure cent mille désirs de femmes…

Le cri éperdu de mon cœur et de ma chair sera-t-il entendu par celle que j’espère ?

Si l’amour n’est pas une hasardeuse étreinte, s’il est, comme je le crois, la rencontre providentielle des êtres que les tourbillons de la vie inéluctablement uniront un jour, ces pauvres lignes que je viens de relire, ce matin, parmi le nombre des Petites Annonces, peut-être éveilleront-elles, en l’âme de la très-chère qui m’est destinée, l’inquiétude, l’émoi, la curiosité de répondre, en lui faisant pressentir les tressaillements et les délices de l’aventure ?

Déjà même n’a-t-elle pas tracé de sa main fiévreuse la furtive réponse ?…

J’ai le pressentiment que je vais trouver bientôt, au bureau de poste, la petite lettre, premier espoir, prime fleur de nos tendresses, éclose déjà, et déjà épanouie…

Poste restante…