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DOUCES AMIES

Et il m’indiqua très exactement l’adresse de l’acrobate.

Jusqu’à cette heure, tout en me disant parfois que Riquette avait des amants, j’étais convaincu, au fond, qu’elle m’était fidèle. La déclaration précise, catégorique, de Sartigny me causa une douloureuse émotion. Pourtant, je voulais espérer encore, malgré tout. Riquette me tromper, pourquoi ? J’étais généreux, tendre, affectueux… Elle n’était pas de ces femmes à tempérament excessif qui réclament sans cesse des crises de luxure, des fêtes de volupté. Elle semblait plutôt, comme la plupart de nos contemporaines, indifférente aux ivresses amoureuses…

Peut-être Sartigny avait-il voulu s’amuser à exciter ma jalousie, se distraire à mes dépens, me monter un bateau

Mais son regard ironique, cruel, de malfaisant, plus que ses paroles et ses renseignements, me faisait craindre une catastrophe.

Toute la journée s’écoula dans l’angoisse. Je souffrais ; j’avais des colères, des rages et des défaillances. Puis, par moments, je me raidissais, je cherchais à accepter sans douleur, en joyeux viveur, la possibilité d’un cocuage. N’est-ce pas ce qui nous attend tous, quand nous sommes déjà vieux et que nous avons de jeunes