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IX

Il y a des malfaiteurs qui se plaisent à nous blesser, à nous meurtrir ; nos tortures sont un jeu pour ces ennemis, leur implacable cruauté nous menace sans trêve ni répit.

Mais comme, au lieu d’atteindre notre corps, c’est notre cœur qu’ils assassinent, nous subissons leurs coups, stupidement, sans vengeance, sans révolte. Parfois même nous devons les remercier, leur témoigner de la reconnaissance, pour le mal qu’ils nous font.

Depuis quinze ans, je retrouve chaque jour, au cercle, Georges de Sartigny, un gentleman correct, spirituel, agréable même, qui, sous des allures d’homme du monde exquis, cache une âme diabolique, atroce de malfaisant.

C’est un tueur d’illusions. Son ironie féroce, toujours en éveil, a causé d’innombrables ruines, des désastres abominables. Et pourtant, personne n’oserait lui tenir rancune de sa malice. En vous déchirant, il a de tels gestes gracieux, amicaux, que vous êtes tenté de lui dire merci !…