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DOUCES AMIES

je m’étais fourvoyé, il me pria d’excuser ses agents, qui m’avaient conduit au poste sur la plainte de ceux qui m’avaient à demi assommé, et qui avaient prétendu, ainsi que beaucoup d’autres spectateurs, que j’avais été l’agresseur, qu’assurément je devais être ivre.

… C’est vrai ; ils avaient raison, ces hommes : j’étais ivre, d’une douloureuse, d’une crucifiante ivresse…

Ce supplice, renouvelé chaque soir, me devint bientôt intolérable. Pour le faire cesser, je m’adressai à un de mes amis qui consacre sa vie à des œuvres de moralisation, et qui travaille vaillamment à régénérer notre société pervertie. Je lui dénonçai l’impudeur dégradante de ces exhibitions de nudités, devant une populace effrontée ; je lui fis comprendre l’influence mauvaise de pareils étalages ; il fit des représentations à la Censure et on interdit à Riquette de continuer à s’exhiber ainsi, tout son corps offert à la luxure publique.

Durant deux soirs, sa tenue fut un peu moins indécente. Puis, le troisième, de nouveau, elle reparut, encore plus affolante, encore plus dévêtue.

Le lendemain, comme je lui faisais observer, d’une voix aigrie et attristée, qu’elle ne tenait pas compte des avertissements et de la défense