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DOUCES AMIES

saient cruelles, implacables, des dents de petite bête fauve et sanguinaire…

VIII

Riquette est devenue l’étoile des Ambassadeurs. Elle connaît chaque soir les ivresses mauvaises du triomphe, applaudie, acclamée par des forcenés que sa peau affole ; sa peau, ah ! si tentante et si troublante, elle la jette en pâture aux foules ! Elle est presque nue maintenant, lorsqu’elle apparaît devant le public de ce concert d’été. Toute sa gorge jaillit, pointes dressées, hors de la mince ceinture qui étreint sa taille. Sa croupe délicieusement charnue et ses cuisses adorables ondulent, se dessinent, mieux que nues, sous la transparente soie du maillot.

Moi, perdu dans la masse des spectateurs, je me sens comme eux, grisé, tenté, enragé. Et plus qu’eux, je souffre, car je subis maintenant le supplice de Tantale, le plus affreux, le plus déchirant de tous.

Depuis deux mois déjà, Riquette me refuse sa chair : elle est impitoyable. Un jeune freluquet