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DOUCES AMIES

L’aventure !…

La vie douloureusement rêvée et souhaitée aux heures mornes d’esseulement, de lassitude et d’inquiète nostalgie des patries inconnues mais pressenties si belles ! La vie merveilleusement transfigurée, chaude, parfumée, resplendissante. La Vie ! La Vie !…

Alors, je compris que de nobles chercheuses, d’intrépides escaladeuses, venaient sans doute réclamer l’aventure, parmi la foule des quémandeuses vulgaires, tenter la destinée, se jeter dans la mêlée, pour y être meurtries, peut-être, abominablement déçues, mais — qui sait jamais les mystères de demain — pour conquérir aussi le triomphant drapeau ! Puis, qu’importe, après tout, la blessure et la souffrance, aux vaillantes âmes d’élite ? la lutte, c’est leur joie, le danger les excite, l’inconnu les attire… Souffrir et panteler, c’est encore vivre ; le cœur qui saigne n’est-il pas plus glorieux que le cœur assoupi en de lourdes paralysies !…

Ce fut alors que je résolus de connaître le Mystère des petites annonces. Et, pour ne pas courir le risque d’être leurré par quelqu’une de ces phrases, où semblait se trahir l’aveu sincère et passionné d’une âme aventureuse et qui pouvait, en somme, n’être que la très habile supercherie d’une rouée ; pour être aussi celui qui