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DOUCES AMIES

Une joie sincère éclairait ses yeux : en même temps j’y lisais une crainte de voir s’écrouler ce projet.

— Oui, mignonne, tout de suite. Mets dans une valise les objets qui te sont nécessaires pour notre petit voyage… Moi, je cours m’équiper rapidement. Dans une heure nous prendrons une voiture, puis le chemin de fer. Et nous dînerons ce soir à Fontainebleau…

— Dans la forêt ? Chouette ! Tu es un trésor, un amour, un bon magicien. Il me prend une fantaisie, un caprice me pousse dans la tête, et crac ! c’est exaucé. Ah ! tu es bon et gentil, toi. Aussi je l’aime…

— Vraiment… un brin ?… un petit peu ?…

— Énormément. Tiens, gros comme ça…

Et, se jetant à mon cou, elle me serra très fort, m’embrassa à pleine bouche, sensuellement, passionnément.

À mon ravissement, une tristesse subite se mêla. Je balbutiai :

— Ah ! pourquoi !… Pourquoi n’ai-je plus vingt ans ?…

Elle riposta :

— Tais-toi, grosse bête. Qu’en ferais-tu de tes vingt ans ?… Des bêtises, encore, des absurdités ! Les jeunes sont ineptes en amour ; ils n’ont rien d’agréable ni d’intéressant pour une femme. Ils