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DOUCES AMIES

— Je veux, dit-elle, que tu te couches, là, près de moi.

J’allais m’étendre, sans me déshabiller.

— Non, non, fit-elle, pas comme cela. À dodo, un vrai dodo.

Je me dévêtis.

Et quand je fus près d’elle, je sentis son corps, son beau corps, encore brûlant d’un reste de fièvre, mais souple et caressant, qui s’enlaçait à moi. Puis les lèvres, lentement, me versèrent l’ivresse de leur baiser.

— Reste, reste, me disait-elle, reste là, bien longtemps, longtemps. Je t’aime ! Oui, je t’aime parce que je sens maintenant, je comprends que tu m’aimes bien, beaucoup !…

Je défaillis presque sous la vive impression de ce suprême bonheur. Des larmes jaillirent de mes yeux, allèrent tomber dans les yeux de Riquette.

Ses bras alors se resserrèrent sur moi avec fougue, m’enlacèrent plus étroitement. Et sa bouche m’accordait le plus affolant, le plus enchantant des baisers. Ce n’était pas une étreinte voluptueuse qui nous unissait en ce moment, non. C’était l’extase sublime, magnifique des cœurs qui se joignent enfin et palpitent dans la communion d’un tressaillement divin.

Puis, mes forces enfin brisées par l’immense