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DOUCES AMIES

Peu après le médecin revint, prescrivit de nouveaux remèdes et déclara à Riquette qu’il lui faudrait au moins huit jours de repos au lit. Je le pris à part, voulant connaître la nature de ce mal mystérieux. Il voulut bien me confier que ma petite amie était atteinte d’une congestion pulmonaire, sans aucune gravité, du reste.

Dans la journée, Riquette me dit :

— Mon gros chien, tu ne vas pas faire l’infirmier. Va, rentre chez toi, tu viendras chaque jour passer la matinée ici.

Je protestai, affirmant que, jour et nuit, je serais un gardien fidèle et dévoué. Riquette se mit en colère et cria qu’elle se lèverait, qu’elle sortirait, mais qu’elle ne voulait pour rien au monde m’être à charge et m’imposer une pareille corvée. Elle était horriblement énervée. J’obéis et m’éloignai. Mais je n’allai pas loin. Toute la journée je demeurai dans un café, à quelques pas de sa maison ; la concierge venait d’heure en heure me donner des nouvelles de la malade. La nuit, je fis les cent pas dans la rue, sous ses fenêtres, les yeux sans cesse levés vers la lumière qui éclairait sa chambre.

Vers huit heures, j’osai enfin me présenter. Riquette était déjà éveillée. La femme de chambre venait de lire des lettres, des petits bleus ; elle achevait sa lecture…