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DOUCES AMIES

son pardon, la suppliant d’oublier mes injures, mes soupçons…

Riquette a pardonné…

VI

Il y a, dans l’existence d’un homme, bien des plaisirs, des joies nombreuses. Mais je crois qu’on n’atteint qu’une fois, une seule, le bonheur absolu, suprême, ineffaçable.

Ah ! cette minute divine, elle a pour nous la splendeur et la beauté de la résurrection glorieuse, après les agonies de notre douloureux calvaire. Et quand on l’a vécue, on oublie toutes les tristesses, tous les désespoirs, tous les déchirements. On bénit la vie ! Les pires malheurs peuvent ensuite s’abattre sur nous. Le souvenir doux et triomphant demeurera, malgré tout, pour nous réconforter et pour alléger la douleur présente.

… Un soir, en rentrant dans sa loge, après avoir obtenu un succès éclatant, Riquette brusquement se jeta sur un fauteuil, pâle et frissonnante.

— Je souffre, dit-elle, fermant les yeux… Vite,