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DOUCES AMIES

Et, me poussant vers les couloirs, elle me ferma la porte de sa loge au nez.

Pendant la moitié de la nuit, je rôdai, comme un insensé, la tête en feu, à travers des rues, des quartiers inconnus. Puis, soudain, terrassé, perdant connaissance, je me jetai dans un fiacre et je pus regagner ma demeure. Je dormis lourdement. À mon réveil, vers midi, on me remit une dépêche de Riquette, contenant ces seuls mots : « Je t’attends à quatre heures. »

Je redoutais une rupture définitive, je sentais des larmes dans mes yeux : je titubais dans la rue, comme si j’avais bu trois bouteilles de champagne. Je n’osais me présenter chez Riquette ; j’étais désemparé, sans force, sans courage.

Elle me reçut cependant avec sa mine la plus aimable. Une vieille femme était près d’elle :

— Madame Lappeau, dit ma petite amie, veuillez, je vous prie, dire à monsieur le nom de la personne qui m’a donné ce collier de perles.

La vieille répondit :

— Hé ! ma pauvre enfant, mais c’est vous-même qui me l’avez acheté et qui m’avez promis de me le payer à raison de mille francs chaque mois. Je suis venue justement aujourd’hui pour toucher le premier versement…

Je jetai à la femme un billet de banque puis je tombai aux genoux de Riquette, implorant