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DOUCES AMIES

Je le sens bien. Pourquoi, du reste, se donnerait-elle la peine de me leurrer. Jolie et jeune comme elle est, applaudie et admirée tous les soirs, elle a le droit maintenant de choisir son amant parmi les hommes les plus riches, les plus généreux.

Ce n’est donc pas une ignoble raison d’intérêt qui l’attaché à moi. Elle m’a, du reste, dit bien des fois que des millionnaires mettaient leur fortune à ses pieds : elle m’a fait lire des lettres passionnées, signées de noms connus de financiers, de grands fêtards. Si elle voulait, elle aurait comme les autres, voitures, hôtel, bijoux superbes. Pour accepter la très modeste situation que je puis lui offrir, — cinq mille francs par mois, maintenant, — il faut bien qu’elle m’aime, un peu — beaucoup — passionnément…

À cinquante ans passés, voici que j’effeuille la marguerite…

Je suis jaloux, ai-je dit. Oui, férocement jaloux, moi qui ne l’ai jamais été…

Il y a quelques jours, j’ai ressenti une douloureuse angoisse, j’ai cru en mourir.

J’étais allé ce soir-là voir ma petite amie, au concert. Elle était en scène. Dans les couloirs, en l’attendant, j’entendis une conversation de femmes.

— As-tu vu, disait l’une, le collier de perles