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DOUCES AMIES

chaque jour sur la beauté de ma très chère petite amie.

C’est un peu la vanité de lui prouver que, malgré mon âge, je suis jeune encore. Elle est émerveillée de ma robustesse. Elle me disait dernièrement, dans son pittoresque langage de gamine montmartroise : « T’es épatant, mon chou, tu me tues, tu me fiches à bas. Qu’est-ce que tu prends donc, pour être aussi chaud qu’un moineau ?… »

Mais c’est par-dessus tout, l’émotion profonde, immense, de voir les beaux grands yeux de mon aimée, s’animer dans les flambées glorieuses de l’extase et de la volupté. Oh ! ces yeux, comme ils s’éclairent alors : leurs reflets divins me pénètrent, me ravissent, me font connaître la suprême et pure joie.

Je suis certain que Riquette m’aime.

Elle m’aime de tout son cœur et de toute sa chair. Ses soupirs, ses râles, ses cris témoignent triomphalement son allégresse voluptueuse…

Je suis cependant méfiant, sceptique. Je sais qu’il est facile de jouer d’odieuses comédies, que la plupart des femmes simulent les transports et les rages de la joie, pour affoler leurs amants, les soumettre, les subjuguer.

Mais Riquette est sincère…