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DOUCES AMIES

le bel amour flambant toujours pur dans mon cœur — n’était pas atteint par l’ignominie de mon acte.

Mais je craignais maintenant que l’affection de Riquette, son attachement très réel pour moi n’eussent été flétris par mes allures autoritaires et exigeantes, par ma prise de possession, digne d’un goujat, d’un palefrenier…

Je balbutiai :

— Riquette, bonne, bonne petite amie, m’aimes-tu toujours un peu…

Elle répondit :

— Je t’adore, gros bébé !

Mais c’était des mots, des mots glacés, qui me donnèrent au cœur un frisson lamentable…

Et je compris qu’il me faudrait de nouveau reconquérir son petit cœur, effacer le souvenir de l’acte ignoble par une affection infiniment tendre et désintéressée, par une surhumaine bonté, par un culte plus fervent, plus doux, plus passionné.

Dès le lendemain, je lui envoyai un rang de perles de trente mille francs… elle le désirait depuis si longtemps… et j’avais été assez pingre pour ne pas exaucer sur-le-champ son désir…