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IV

Depuis trois mois, Riquette est une reine de Paris.

Ses toilettes, étranges, magnifiques, d’une royale impudeur, qui encadrent et soulignent chaque splendeur de son corps, ont suffi au public parisien pour s’enthousiasmer de suite et sacrer souveraine ma chère petite amie.

Elle n’a aucun talent. Elle chante mal. Elle ne sait pas se tenir sur les planches. Cependant je lui ai donné des maîtres de chant et de maintien renommés, qui ont la réputation de transformer rapidement une fille de cuisine ou une gardeuse de dindes en chanteuse de café-concert.

Riquette sait qu’elle est très belle, et ne veut devoir son succès qu’à sa beauté : peut-être aussi est-elle paresseuse, nonchalante, sans vraie ambition artistique.

Autrefois, ses engagements étaient de cent cinquante à deux cents francs par mois ; la semaine dernière, un agent lyrique lui a proposé vingt mille francs pour une tournée de deux mois en Russie ; et ce pourvoyeur a osé ajouter :