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DOUCES AMIES

minute délicieuse pour moi, de folie et de lutte. Je me levai, à demi, sur mon fauteuil, les mains tendues pour m’emparer de toute cette Beauté : mais je parvins à maîtriser mon désir. Riquette tenait les yeux baissés. Elle ne vit pas ce mouvement de passion.

Lentement elle se vêtit, enveloppa son corps radieux des soies légères, froufroutantes et de la robe superbe.

Elle était alors encore plus alléchante, parmi tout ce luxe d’étoffes qui la voilaient si peu, qu’en l’éclat trop vif de sa belle nudité.

Alors, câline, souple, elle vint à moi, les yeux brillants, pleins de joie. Et lentement elle se posa, lourde, chaude, sur mes genoux, à califourchon, ainsi qu’un bébé joue au dada sur sa nourrice…

Je me sentis défaillir. Toute la caresse de ce corps pesant sur moi m’invitait à goûter enfin l’ardente joie désirée, espérée…

Mais je n’osai ni un geste, ni un mouvement, ni une parole.

Et Riquette se redressa, un peu souriante. Il m’a semblé qu’il y avait alors dans ses yeux, comme de la tristesse, de la pitié… Oui, oui, de la pitié… Chère petite amie, oui, elle a cru… Comme Mortier, elle a pensé ;

« C’est du gâtisme ! Il ne peut pas. »