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DOUCES AMIES

beauté, sa distinction, son talent : on exagère un peu. Mais je suis sûr qu’avant peu Riquette aura justifié ces éloges prématurés.

Oh ! comme elle est heureuse de toutes ces gloires. Elle a bien l’âme et l’esprit d’une artiste !

Je me plais, ingénument, à surprendre l’éclosion de ses vanités, de ses espoirs. À tout instant, elle m’exprime sa gratitude par des phrases gentilles, à la fois gamines et sincères…

Hier soir, j’étais dans le coquet petit appartement que je lui ai fait installer. On venait de lui apporter, de chez Landolff, le costume qu’elle portera pour ses débuts : une robe courte très décolletée, en merveilleux tissu brodé, qui encadre les fleurs de sa gorge d’une guirlande fastueuse de tournesols et de boutons d’or, et qui révèle toute la magnificence de son jeune corps.

Riquette voulut l’essayer :

— Il faut que vous soyez, m’a-t-elle dit très doucement, le premier à m’admirer.

Et, devant moi, elle se déshabilla, totalement. Elle enleva sa chemise avec la triomphante et orgueilleuse chasteté de la beauté parfaite.

J’eus alors la vision infiniment adorable et troublante de sa nudité de fière, et blanche, et impeccable statue.

Pas un mot ne fut prononcé. Il y eut une