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III

Depuis deux mois, je suis l’ami de Riquette.

Je pourrais être son amant…

Pourquoi mon affection, qui est si tendre, si douce, si profonde à la fois, ne s’est-elle pas épanouie, n’est-elle pas devenue l’unique allégresse, la seule joie : l’amour ?…

Pourtant, c’est plus que de l’amitié qui palpite en mon cœur. C’est véritablement, réellement l’amour !

J’aime Riquette, de toutes les forces, de toutes les puissances de mon âme. Ainsi l’ai-je aimée, dès le premier jour de notre rencontre ! Mais, depuis quelque temps, mon corps aussi est tout ému par elle et désire sa chair…

Et pourtant, je reste toujours simplement son ami…

Je pourrais être son amant.

Pourquoi n’ai-je pas cueilli sur la bouche de l’adorée le victorieux baiser ; pourquoi n’ai-je pas, dans une étreinte heureuse, cueilli tout le parfum et tout le régal de sa beauté ?

Pourquoi ?…