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DOUCES AMIES

laires, implorant quelque aventure bien tendre ; et aussi, les marchandes de rires et de caresses, âpres aux gains, avides d’accroître leur clientèle, sollicitant les amateurs, usant de la publicité comme font les maisons de commerce, les grands magasins, les fabricants de produits pharmaceutiques.

Oui, cela m’amusait de lire ces annonces, et j’évoquais l’état d’âme des dames avouant trente-cinq ans — ce qui signifie quarante-huit ou cinquante — proclamant leur désintéressement, pour mieux fasciner les très jeunes gens, encore timides, aux appétits de vingt ans qui acceptent toute manne tombée du ciel ou surgie de la boue.

Et dans la brutale impudence des réclames célébrant l’idéale beauté d’une demoiselle qui postule les restes et les suprêmes miettes de messieurs âgés, décrépits, mais riches, je lisais, avec nausée, l’immonde et vil trafic de la chair prostituée, le sacrilège impie de la Beauté, sacrifiant son charme et sa divinité au pouvoir dissolvant de l’or.

Cependant, parmi les habituelles banalités et la plate similitude de ces annonces, peu à peu je découvris, dans le tas, des appels à l’amour, des cris d’espoir, des sanglots de passion qui se trahissaient par je ne sais quelles paroles