Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
DOUCES AMIES

nous vaut cette nouvelle folie ? Une petite coquine, qui se moque de vous, qui vous trompe avec de jeunes garçons, et qui ne vous tolère qu’à cause des fortes sommes qu’elle vous extirpe…

Comme je riais :

— Oui, elle se moque de vous, elle vous exploite, elle vous hait.

Ma pauvre vieille femme cherchait à envenimer ses paroles, pour me faire souffrir un peu…

Mais je riais toujours… Oui, je riais — pour ne pas pleurer.

Car je ne suis pas assez fat, assez vaniteux, assez débile d’esprit, pour me persuader qu’elle m’aimera aussi, celle que j’aime de tout mon pauvre cœur ancien…

Et tout ce que me jetait le venin de ma femme, le mépris, le dégoût, la haine même de la bien-aimée, las ! je le sais, tout cela se réalisera bientôt, demain peut-être.

Elle ne m’aime pas, la chère adorée, elle ne m’aimera jamais. Mais je l’aimerai, moi !

Je l’aimerai…

Et cela est la justification, la beauté de mon amour.

En aimant, profondément, immensément et sans espoir de retour, je m’élève au-dessus de la bête grossière qu’est l’homme, l’amant. Je me