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DOUCES AMIES

Oui, nous savons que les folies et les rages des sens sont des flammes vite éteintes, et que le feu sacré, le feu rayonnant, le feu brûlant ne s’allume et ne flambe qu’en la fournaise du cœur.

Cinquante ans…

Des philosophes, des moralistes, des poètes même ont affirmé qu’on n’aime vraiment, bellement, superbement, qu’une fois, une seule fois, au cours d’une vie…

Quels pauvres impuissants formulèrent telle loi ?

J’ai savouré le baiser de plus de mille amantes. Davantage furent aimées par moi, très passionnément aussi, très ardemment ; mais je n’eus pas l’occasion ni le pouvoir de goûter l’extase délicieuse de leur caresse…

Et jamais l’amour, ce soleil fulgurant, n’a décru, ne s’est incliné à l’horizon.

Ses rayons, aujourd’hui, sont tout aussi violents qu’aux jeunes heures de mon printemps…

Car l’amour est en nous, et non pas dans l’amante. Celle-ci n’est pour ainsi dire qu’une mode, une toilette qui vêt d’une inédite parure l’unique amour, le transforme, le renouvelle, le rajeunit sans cesse…

Depuis un mois, mon bel et grand amour se prépare un nouveau costume, frais et pimpant.