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Troisième Partie

I

Encore une fois, me voici tombé dans un dangereux, mais doux piège d’amour…

À cinquante ans !…

Je sens bien, je sais que je suis ridicule, grotesque, absurde…

Mais que m’importe ?… que mes amis, que le monde tout entier se rient de moi, me bafouent, me méprisent, — puisque je vais trouver, dans ce nouvel amour, quelques minutes, quelques heures peut-être de bonheur absolu, infini, — soit, j’aimerai ! Je pourrais même lutter, me torturer, me déchirer, tout cela serait inutile, je n’arracherais pas de mon cœur, mis en pièces, cette tendresse qui l’a pénétré, si intimement, et qui imprègne chacune de ses fibres.

À cinquante ans !…

Lorsque j’étais encore le fier adolescent qui