Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
DOUCES AMIES

dresses par cette union qu’elle désirait !… Maintenant mon bonheur était détruit. Je ne connaîtrais plus la chère et divine volupté de Marcelle… Et c’était par ma faute, uniquement, qu’aujourd’hui je me trouvais seul, meurtri, désemparé !…

Pendant des nuits, des nuits, je rôdai, devant sa porte. J’épiais la clarté des lumières apparues, dans le noir, aux fenêtres de son appartement. J’évoquais son image, je la voyais, dans son salon, sur ces divans moelleux où tant de fois je l’avais possédée. Puis quand s’éclairait la chambre à coucher, je la discernais alanguie, demi-nue, sur le lit bas et large où sa beauté, jadis, s’offrait à ma passion… Un autre maintenant savourait les parfums délicats de sa gorge et les troublants aromes de la fleur d’enchantement…

Le temps n’apaisa pas ma douleur profonde… Les mois et les années ont passé sans guérir ma blessure, toujours saignante… Marcelle, Marcelle, Marcelle !… Si j’ai souffert pour toi, j’en suis le seul coupable… Tu ne m’as pas aimé… Non, non, je ne crois pas ! Mais tu m’as cependant donné la suprême joie, aux heures bénies que je pleure toujours…