Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Première Partie

I

En ces listes, souvent grotesques, de demandes et d’offres galantes qui s’étalent audacieusement aux petites annonces des journaux mondains, je n’ai vu, pendant très longtemps, qu’une sorte de Bourse à l’amour. Et de quel amour ? Celui qui rôde sur les boulevards, vagabonde par les rues, affamé, glouton, se repaissant des plus médiocres régals et buvant l’ivresse à n’importe quels flacons.

Tant et tant de baisers s’offrent à celle qui désire l’amour ; de telles convoitises s’allument dans les regards des hommes au passage de la Femme ; et dans les salons, aux théâtres, à la rue tant de déclarations lancent leurs murmures à ses oreilles que, seules, — me disais-je — les très vieilles, les hideuses, les défleuries sont réduites à hurler leur désir en trois lignes patibu-