Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
DOUCES AMIES

métamorphoser la jeune fille pauvre en femme élégante !… Tout d’abord, je m’illusionnai et me persuadai que j’accomplissais une bonne action, en arrachant Marcelle à sa gêne lamentable… J’étais, tout simplement, un vieillard passionné…

« Marcelle fut pour moi une maîtresse adorable, une amie reconnaissante ; — mais elle ne m’a jamais aimé. J’ai été assez sot pour lui demander de l’amour !… Oui, au début de notre liaison, j’espérais déchaîner en elle ce sentiment vif et profond… Plus tard, je me suis contenté de lui demander un peu de plaisir ».

« Marcelle a l’âme bourgeoise. Elle est faite pour le mariage… Pourquoi ne l’avez-vous pas épousée ?…

M. de Santillon répéta :

— Mais oui, pourquoi ne l’avez-vous pas épousée ?…

— Pourquoi… je ne sais pas…

— Voilà : vous l’avez tout de suite désirée pour maîtresse… Elle n’a pas résisté… Elle s’est donnée à vous. Elle a sans doute pensé que c’était le moyen le plus sûr de vous conquérir. Elle vous voyait épris, amoureux, passionné…

— Si j’avais su… Si j’avais su !…

— Vous êtes un étrange personnage !… Quand on adore une femme, qui est libre comme Marcelle, c’est bien simple, on l’épouse…