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DOUCES AMIES

la Suisse et qu’elle reviendrait avant la mi-septembre.

Chaque jour j’allais flâner dans la rue de Courcelles, devant cette maison où je l’avais vue pour la dernière fois. Sitôt que s’ouvriraient les persiennes de fer qui barricadaient ses fenêtres, je me précipiterais, tout palpitant vers elle… Ah ! quelle joie de retrouver ses chers yeux doux et mystérieux, de conquérir sa bouche, d’entendre sa voix câline…

— Hé ! hé, je vous y prends, cette fois, l’amoureux !…

C’était un soir, le 15 septembre… J’étais venu déjà, dans la journée, et j’avais vu, devant la porte, un omnibus du chemin de fer, chargé de valises et de malles… Timidement j’étais entré, et j’avais demandé au concierge si Mme Vouvray était chez elle… Non, pas encore ; mais elle ne tarderait guère, puisque déjà ses bagages arrivaient.

― Hé ! hé ! hé !

La voix railleuse de M. de Santillon m’arrachait à mon espoir et à ma rêverie…

Son ironie me glaça…

— Amoureux, moi, balbutiai-je, mais de qui cher ami ?

— Ne faites pas le malin, répliqua-t-il, conti-