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DOUCES AMIES

Comme les heures, aujourd’hui se sont vite envolées ! Déjà, déjà l’adieu…

Et je suis, déjà, devant la porte ; nous nous tenons toujours enlacés, attristés.

Ses yeux semblaient me dire : Tu m’abandonnes donc ?… J’étais accoutumée à ton amitié tendre, à tes douces caresses… Je vais être sevrée de ton pieux amour. Comme les jours vont maintenant me paraître vides et tristes !…

Oui, je lis un reproche dans ses yeux, une mélancolie amère, de l’angoisse…

Et la porte est ouverte maintenant… Un baiser, un baiser… encore un… le dernier…

Brusquement, je me suis arraché. Et je descends déjà.

Mais qu’ai-je donc en moi, qui saigne et qui pantèlle ? C’est une déchirure atroce, suppliciante… Mon cœur sanglote ; ma tête se vide… Mes mains inertes et lourdes semblent mortes, glacées…

Lentement je descends les marches de marbre de l’escalier. À chaque pas, ma torture s’aggrave.

Je redresse la tête…

Ah ! quel éblouissement.

Elle est là-haut, penchée, et ses yeux me sourient. Mais son sourire pleure.

Par la baie vitrée qui éclaire le vaste escalier, des rayons d’or s’épandent ; ils auréolent la chère