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DOUCES AMIES

jolie ! Tu reconnais encore, sous ce corsage de toile, la forme épanouie que tu chantes, flatteur !…

— Non, non, ce n’est pas toi, Marcelle mon amour…

Je voulais emporter le portrait de ma mie.

Alors elle chercha dans des coffrets précieux, m’apporta des portraits différents, innombrables. Ici, c’est un profil délicat et charmant : quelques lignes en effet rappellent son visage, mais, non, ce n’est pas elle ! Là, c’est une élégante et souple cavalière ; c’est elle, mais lointaine, imprécise… Voici parmi les fleurs de son parc enchanté, la princesse d’amour que les fées m’ont donné… Non, non… elle est plus belle que toutes ces images !

Je voulais emporter le portrait de ma mie.

En souriant, elle m’a dit : — Que veux-tu donc, chéri ?… Aucun de ces portraits n’a le don de te plaire. Pourtant, va, je t’assure, ils sont plus beaux que moi !

Ce n’est pas toi, chérie !

Et tout en lui parlant, j’attirais son visage, et mon regard cueillait le rayon de ses yeux.

— Tu les aimes, mes yeux ! murmura sa voix lente.

— Ils sont ma joie suprême.

— J’aime les tiens aussi !

— Oh ! tu peux les aimer. Lorsque tu me re-